Au
Nord de Paris, les entrepôts Calberson dessinent un navire en béton, comme
échoué sur un territoire bruyant et en perpétuel mouvement. Véritable frontière
bâtie, la conservation de cet édifice de six cents mètres de long, héroïque
d’une époque «fonctionnaliste», nécessite une solution architecturale qui soit
à la fois dans la continuité et dans la différenciation, et à l’échelle du
territoire métropolitain dans lequel il s’inscrit. Le projet conserve donc
l’alternance horizontale de bandes «minéral et cristal», conformément au cahier
des charges. La silhouette caractéristique des entrepôts est maintenue
par le jeu des saillies et des retraits. La façade du premier étage est
préservée dans son intégralité avec ses menuiseries préfabriquées en béton ; la
structure actuelle est également réutilisée lorsque cela est possible.
L’indispensable surélévation et les démolitions partielles n’altèrent pas la linéarité
de l’ensemble.
Au 2e étage, la création d’une respiration, d’un vide
praticable, distingue le projet du voisinage et conforte l’impression de signal
urbain en proue urbaine. De même, le traitement de l’angle amplifie l’effet
recherché : la figure se déplie, les lignes se retournent pour clore la
perspective cyclopéenne. Le pignon exprime ainsi, à l’instar d’une coupe
transversale, l’organisation interne du projet avec les deux cours surélevées
reliées entre elles par un escalier protégé : l’école et le collège se
juxtaposent au-dessus des salles du centre sportif, logées en contrebas. Deux vastes
patios protégés offrent des cours de récréation aux regards obliques et
pluriels. Plantés, ils induisent un microclimat tant olfactif qu’auditif.
Enfin, le projet se développe autour de trois axes privilégiés qui sont les
systèmes passifs avec mise en œuvre d’une enveloppe extérieure performante,
l’installation d’équipements générateurs d’économie avec recours aux énergies
renouvelables, et la prescription de matériaux sains, durables et faciles
d’entretien.